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L’œuvre de J.M.G. Le Clézio est obsédée de deux thèmes qui se répondent et se confondent parfois, celui du rythme indispensable pour renouer avec l’Être et le Cosmos et celui d’une langue primordiale qui rejoint le mythique « langage des oiseaux », présent dans les littératures tant profanes que religieuses. Octavio Paz écrit dans L’Arc et la lyre : « Rappelons-nous le commencement de tant de fables : « Quand les oiseaux parlaient… » Dans Le Langage des Oiseaux, le poète soufi FarîdudDîn ‘Attar (mort vers 1230 à Nishapûr) s’attache à traduire une quête mystique par la métaphore d’oiseaux qui se cherchent un roi.
La symbolique du langage des oiseaux signale le mensonge qu’est toute parole, les lacunes de tout discours, l’irréductibilité de la réalité à une signification claire. Trouver le rythme régénérateur, tel est donc, de l’écrivain, le premier objectif qui excède le domaine de l’art pour quelque entéléchie, exige la quête de formes préromanesques qui ont gardé la trace de leur origine orale : prophétie, épopée…
Dans Désert, qui présente une partie épique en alternance avec la partie romanesque, la recherche de rythme est renforcée par le recours à la prophétie : « Un jour, oh, un jour, le corbeau deviendra blanc, la mer s’asséchera, on trouvera le miel dans la fleur du cactus, on fera une couche dans les branches de l’acacia […] » (D, 64)
Cet intemporel langage des oiseaux oscille de l’universelle sympathie, hors de toute signification, à la révélation de type mystique. L’Inconnu sur la terre s’interroge: « Drôles d’animaux rapides qui tourbillonnent, qui s’élancent, qui traversent l’air. Pourquoi les paroles des hommes seraient-elles différentes de celles des oiseaux ? » (IST, 97). L’initiation racontée dans Haï conclut : « Mais quand il n’y a plus de mots, alors : silence qui enivre les grands espaces, les déserts, les plaines, les terribles plateaux de la mer. Dépouillé de ses mots, l’homme est un cormoran. Il plane, il étend ses ailes, et il vole longtemps, sans même bouger. » (H, 90)
La parole ne prétend pas représenter ou révéler une réalité antérieure au message. La vérité, au contraire, se trouverait dans le « bafouillement », le trou du discours.
Le Clézio, Paz, ‘Attar disent la même chose. Le poème, donc le rythme à travers l’écriture, se chercherait faute d’avoir trouvé cette fusion tant désirée avec le monde – faute d’avoir trouvé le langage des oiseaux ou pour approcher le plus possible le langage des oiseaux. Le dilemme n’est jamais tranché. Dans tous les cas, la parole désirée revient au silence, mais il aura fallu parler pour espérer entendre ce qui se tait.
Michelle Labbé
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
‘ATTAR FarîdudDîn, Le Langage des oiseaux, éditions Sindbad, Paris, 1962 ; PAZ Octavio, L’Arc et la lyre, Gallimard, Essais, 1956, p. 35 ; LE CLÉZIO, J.-M.G., Haï, Flammarion, Champs, 1971 ; L’Inconnu sur la terre, Gallimard, Le Chemin, 1978 ; Désert, Gallimard, Le Chemin, 1980 ; LE CLÉZIO, J.-M.G. et Jemia, Sirandanes suivies d’un petit lexique de la langue créole et des oiseaux, Paris, Seghers, col. Volubiles, 1990, p. 61-87.
Désert ; Haï ; L’Inconnu sur la terre ; Sirandanes.