AFFOUCHE

Famille Moracées, genre Ficus (figuier), espèce Densifolia.

Petit arbre de 10-12 m aux feuilles coriaces insérées en hélice. Il y a deux types de fleurs, les fertiles produisant des graines et les galleuses abritant les œufs des insectes pollinisateurs. Endémique de l’île Maurice l’arbre pousse jusqu’à 1200 m à la plaine des Affouches. Les feuilles macérées sont utilisées contre la dysenterie.

C’est au pied de l’arbre affouche que Denis fait sa prière : « C’est un bel arbre sombre, aux branches basses étalées, qui porte des feuilles épaisses d’un vert aux reflets de cuivre. […] Quand il a fini sa prière, il creuse un peu la terre au pied de l’arbre, de la main droite. » (CO, 42)

 

 

ALOES

Famille Agavacées, genre Furcraea, espèce Foetida.

Les feuilles sont creusées en gouttière, dentées, terminées par une épine aiguë. Plante envahissante empêchant la régénération des arbustes locaux.

« [...] le seul paysage que je connaisse et que j’aime, que je ne verrai plus avec ces yeux : au-delà des arbres sombres du jardin, l’étendue verte des champs de canne, les taches grises et bleues des aloès […] » (CO, 34)

 

 

ARAUCARIA

Espèce introduite. Grand arbre au port en candélabre, les feuilles sont persistantes et piquantes, ainsi décrit par l’auteur : « […] cet araucaria un peu bizarre, portant des pompons d’émeraudes que mon arrière-grand-père avait planté à droite de la maison Euréka. » (VAR, 118)

 

 

ARBRE À PAIN

Famille Moracées, genre Artocarpus, espèce Altilis.

Cet arbre peut atteindre 35 m de hauteur. Anciennement introduit aux Mascareignes, les fruits parthénocarpiques (obtenus sans fécondation) ont une chair farineuse d’excellente valeur alimentaire. Les graines peuvent être bouillies ou grillées. Son potentiel comme ressource nutritive est élevé. C’est pourquoi John Metcalfe le juge si « utile pour la Quarantaine » (Q, 124)

 

 

ARBRE CHALTA

Famille Dilléniacées, espèce Indica.

Nommé aussi gaufrier des Indes dont les feuilles sont utilisées pour polir l’ivoire. Il fut introduit en 1816 par Farquhar. Les sépales charnus du fruit sont consommés crus ou en curry.

Arbre sacré, il échappe à la destruction du Boucan dans Le Chercheur d’or : « L’eau des cyclones est passée, les sécheresses […] Mais lui est resté, l’arbre du bien et du mal qui sait tout, qui voit tout. » (CO, 357)

 

 

ARBRE DE L’INTENDANCE

Photo : Eileen Lohka

Famille Moracées, genre Ficus, espèce Microcarpa.

Grand arbre de la même famille que le banyan, mais dont les racines se propagent à même le sol.

« Longtemps j’ai attendu, à l’ombre des arbres de l’intendance, espérant voir arriver le schooner [...]» (CO, 117)

 

 

BADAMIER

Dessin : Françoise Crozier

Famille Combretaceae, genre Terminalia, espèce Catappa.

Arbre atteignant 20 m de haut. Les branches forment des étages successifs chez le jeune. Le limbe obovale devient rouge avant de tomber.

 

 

BANYAN

Voir multipliant.

 

 

BATATRAN

Photo : Francis Friedmann

Famille Convolvulacées, genre Ipomées, espèce Pescaprae.

Son nom est dérivé de « patate à Durand ». Liane rampante non consommable. Les feuilles appliquées sur les plaies seraient dessicatives, cicatrisantes.

 « Surya était penchée sur la terre, elle arrachait les chiendents et les batatrans qui envahissaient les rondages. » (Q, 269)

 

 

BEVILACQUA

Dessin : Françoise Crozier

Famille Umbelliferae, genre Centella, espèce Asiatica.

Herbe à feuilles en rosettes, émettant des stolons. L’industrie pharmaceutique extrait de cette plante un médicament cicatrisant.

« Quand les feuilles ont été réduites en pâte, Surya les étale avec soin sur les plaies. Le pansement doit être froid, parce que Suzanne frissonne. « Qu’est-ce que c’est? ». Elle a demandé cela à Surya, d’une voix faible. Surya dit juste le nom : Bevilacqua ». (Q, 366)

 

 

BRINZELLE MARRONE

Famille Solanaceae, genre Solanum, espèce Torvum.

Sorte d’aubergine sauvage.

 

 

CANAVALIA ou POIS SABRE

Famille Légumineuse, genre canavalia, espèce Gliadata.

Herbe dont les gousses sont utilisées pour la nourriture du bétail.

 

 

CHOU PALMISTE

Famille Palmier, genre Dictyosperma, espèce Album.

Endémique des Mascareignes, l’arbre atteint des hauteurs prodigieuses. Une entaille au tronc permet de récolter une liqueur douce : le vin de palme. Le bourgeon terminal est comestible cru ou en farine mais pour le prélever il faut abattre l’arbre.

 

 

CLITORIA

Voir pistache marronne.

Pour le botaniste Metcalfe, « La sécheresse du sol rend probables clitoria (liane madame), canavalia (pois sabre). » (Q, 203)

 

 

FILAO

Famille Casuarinaceae (cèdre), espèce Equisetifolia.

Arbre au bois dur capable de coloniser des sols pauvres, il pousse même sur les plages sablonneuses et survit bien aux sécheresses. Les petits oiseaux (bengalis, serins du pays) se nourrissent des minuscules graines cachées dans les cônes et ses rameaux grêles retombants émettent un son sifflant dans le vent : « C’est le bruit de la mer, et les craquements du tronc de l’arbre, les gémissements des aiguilles de filaos. J’ai peur tout seul sur l’arbre … » (CO, 12)

 

 

GANJAH, GANDIA

Famille Cannabinaceae, espèce Sativa.

Chanvre indien servant à la production de fibres textiles et de haschisch : « […] sa chevelure peignée avec soin et lissée à l’huile de noix de coco, fumant une cigarette de ganjah, elle semblait venue d’un autre monde » (Q, 283).

 

 

HYOPHORBE

Photo : Joseph Guého

Famille des palmiers, espèce Amaricaulis.

Endémique de Maurice, non comestible.

 

 

INDIGOFERA

Espèce Tinctoria.

Herbe ou petit arbuste, les gousses sont oblongues. Il est cultivé pour l’indigo qui sert à teindre les tissus.

« Ce qu’il cherche, c’est Indigofera Tinctora, l’indigotier sauvage. Il a la certitude que c’est ici sur le contrefort du volcan, à l’abri des embruns et de la mer, et dans l’exposition la plus crue à la lumière du soleil, qu’il va trouver le spécimen qui manque à la chaîne et qui reliera Plate à Maurice et à Madagascar – et au-delà, au continent astral. » (Q, 156) 

 

 

JACQUIER

Famille Moracées, genre Artocarpus, espèce Hétérophyllus.

Arbre d’ébénisterie. L’énorme fruit syncarpe (à loges soudées) est ellipsoïde et vert, il peut être consommé.

 

 

LATANIER

Palmier de l’espèce Loddigesii.

Son tronc atteint 15 m de hauteur. Ses feuilles bleues glauques sont flagellées, elles servent à couvrir les cases grâce à cette structure en éventail.

 « Les lataniers et les cocotiers font un écran mouvant devant la mer, et quand le vent souffle, j’entends le bruit des brisants, une respiration endormie. » (CO, 123)

 

 

LÉGUMINEUSE

Famille de 12000 espèces, dont certaines ont une portée économique (Alimentation, bois d’œuvre). Elles ont la capacité de synthétiser de l’azote grâce aux nodules de rhizobium et produisent en quantité de grosses graines.

 

 

LIANE SANS FIN

Photo : Lucile Allorge

Famille Lauraceae, genre Cassytha, espèce Filiformis.

Parasite, elle peut couvrir la couronne d’un arbre de ses innombrables tiges enchevêtrées.

John Metcalfe « en [a] suivi une de près de 12 pieds, rampant entre les tombes. » (Q, 83)

 

 

MULTIPLIANT

Famille Moracées, genre Ficus, espèce Benghalensis.

Grand arbre donnant de nombreuses racines piliers à partir des branches étalées. C’est le banyan des Indes.

 

 

PESCAPRAE

Voir Batatran.

 

 

PISTACHE MARRONNE

Photo : Lucile Allorge

Famille Papilionaceae, genre Clitoria, espèce Ternatea.

Herbe volubile.

 

 

SIDA

Famille Malvaceae, genre Sida, espèce Rhombifolia.

Herbe dressée, mauvaise herbe des jardins.

 

 

SOLANACEES

Famille de plus de 2000 espèces.

Herbes ou arbustes à fruits et graines albuminées souvent comestibles.

Piment, physalis, brèdes (feuilles cuites), aubergines.

 

 

TAKAMAKA

Dessin : Françoise Crozier

Famille Guttiferae, genre Calophyllum, espèce Inophyllum.

Bois de construction navale. L’arbre a des vertus médicinales, son bois est cicatrisant et ses feuilles ont des propriétés veinotoniques.

 

 

TAMARINIER

Famille Caesalpiniaceae, genre Tamarindus, espèce Indica.

Arbre pouvant atteindre 10 à 20 m. La pulpe acide des fruits est employée dans la préparation de confiseries et boissons. L’écorce est astringente et antiasthmatique (Cordemoy).

Le tamarinier sous lequel s’abrite le Chercheur d’or « [..] n’est pas très grand, et pourtant lorsqu’on est à l’abri de ses branches, dans son ombre, on sent une paix profonde. » (CO, 200)

 

 

VACOA

Photos : Jean Bosser

Pandanus de l’espèce Vandermeeschii.

Petit arbre de 8 m, endémique de Maurice distribué le long des côtes. Il est doté de feuilles flagellées et de racines aériennes, Le fruit étonnant est formé de grains colorés serrés.

 « À demi cachés au milieu des vacoas, nous avons regardé la mer mauvaise... Il n’y a rien de plus beau au monde. » (CO, 365)

 

 

VELOUTIER

Photo : Francis Friedmann

Famille Goodeniaceae, genre Scaevola, espèce Sericea.

Arbuste ramifié dès la base, commun sur le littoral, il pousse sur des îles coralliennes. Le style de la fleur se courbe pour déposer le pollen sur les insectes visiteurs.

Malade, Alexis, « aidé par Denis, [...] marche jusqu’à l’ombre d’un veloutier » (CO, 57).

 

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Les nombreuses références botaniques employées par Le Clézio, qui fait des investigations poussées comme en témoigne le journal du botaniste John Metcalfe dans La Quarantaine, prouvent son intérêt pour la flore des Mascareignes. Mais dans les romans du cycle mauricien, les plantes sont beaucoup plus qu’un élément réaliste du décor. Nourricières ou médicinales – celles que recherche le botaniste Metcalfe pour venir en aide à la population de La Quarantaine – ou encore sacrées, comme l’arbre Chalta dans Le Chercheur d’or, elles sont intimement mêlées à la vie des personnages.

​​ Pour J.-M. G. Le Clézio, la forêt est une source d’inspiration, un refuge, une consolation : « Notre maison a été détruite, notre père est mort, mais rien n’est désespérant puisque j’ai retrouvé l’arbre chalta. » (CO, 357) Les plantes sauvent et relient, elles apportent de « la magie » (Ra, 63), font rêver : nature dans laquelle l’auteur puise les fondements de la pensée humaine face au monde.

 

Catherine Boudier

 

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ALLORGE, Lucile, Plantes de Madagascar Atlas. éd. Eugen Ulmer, Paris, 2008 ; ANTOINE, Robert, BOSSER Jean, FERGUSSON, Ian Keith, Flore des Mascareignes, 80 légumineuses, éd. M.S.I.R.I., Île Maurice, O.R.S.T.O.M., Paris, The royal botanic gardens, Kew, 1990 ; ANTOINE Robert, BOSSER, Jean, BRENAN, John Patrick Mickel, Flore des Mascareignes, 161 Urticacées à 169 bis Cératophyllacées. éd. M.S.I.R.I., Île Maurice, O.R.S.T.O.M., Paris, Kew, 1985 ; BOSSER Jean, FERGUSSON, Ian Keith, SOOPRAMANIEN, Claude, Flore des Mascareignes, 190 Pandanacées. éd. I.R.D., Paris, Kew M.S.I.R.I., Île Maurice, 2003 ; FRIEDMANN, Francis, Fleurs et arbres des Seychelles, éd. ORSTOM, Paris, 1986 ; FRIEDMANN, Francis, Flore des Seychelles, Dicotylédones. éd. O.R.S.T.O.M, Paris, 1994 ; GUEHO, Joseph, La Végétation de l’île Maurice, éd. Océan indien, Île Maurice (1988) ; LE CLÉZIO, J.-M. G., Le Chercheur d’or, Paris, Gallimard, 1985 ; coll folio, 1990 ; Voyage à Rodrigues, Paris, Gallimard 1986 ; La Quarantaine, Paris, Gallimard, 1995 ; coll. folio, 2010 ; Raga, Paris, Seuil, coll. Peuples de l’eau, 2006 ; ROUILLARD, Guy, GUEHO, Joseph, Les Plantes et leur histoire à l’île Maurice, Île Maurice, « By the Authors », 1999.