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La guerre du Biafra qui a opposé les Ibos (chrétiens) aux Yoroubas (musulmans), a eu lieu au Nigéria (Afrique de l’ouest), du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970. Les origines de ce conflit sont à la fois politiques, économiques et/ou ethniques ; c’est ce que Le Clézio, bien informé, expose clairement dans son récit autobiographique, L’Africain (2004). Le Biafra est une zone dont la richesse en pétrole a d’abord été l’objet de convoitise de la part des populations d'un même pays : « Pour la mainmise sur les puits de pétrole à l’embouchure de la rivière Calabar, Ibos et Yoroubas s’exterminent sous le regard indifférent du monde occidental. » (A, 115). Les grandes puissances coloniales ont, par la suite, pris position : « Pis encore, les grandes compagnies pétrolières […] sont partie prenante dans cette guerre […]. Les États qu’elles représentent s’affrontent par procuration, la France du côté des insurgés biafrais, l’Union soviétique, l’Angleterre et les États-Unis du côté du gouvernement fédéral majoritairement yorouba » (ibid). Ce qui a été, au départ, une guerre ethnico-religieuse avec des soubassements économiques deviendra progressivement un conflit aux implications internationales : « La guerre civile devient une affaire mondiale, une guerre entre civilisations » (ibid). L’armée biafraise vaincue par l’armée fédérale dirigée par le Général Benjamin Adekunle « le Scorpion noir » (A, 116), oblige la population civile à se réfugier dans la savane et la forêt où le terrible blocus décrété par les puissances anglaise et américaine les condamne à mourir de faim et de déshydratation (A, 117), sans qu’il soit possible de leur porter secours. L’Occident découvrira trop tard « les photos des enfants foudroyés par la faim, leurs visages enflés, leurs yeux agrandis » (O, 243), victimes du Kwashiorkor, terrible maladie due à la malnutrition et à la déshydratation. Il y aura plus de deux millions de morts et plus d’un million de déplacés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. À titre d’exemple, la Côte d'Ivoire a accueilli des réfugiés biafrais sous le mandat du Président Félix Houphouët-Boigny entre 1967 et 1975. Ils ont d’ailleurs été à l’origine de la création du quartier « Biafra » de la commune de Treichville (Abidjan-Côte d’Ivoire).
Dans le domaine de la fiction, sur ce drame humanitaire, Jean-Marie Gustave Le Clézio a produit des textes qui, sans que cela en soit le sujet principal, dénoncent l’horreur qui mobilisa le monde entier. La présence auctoriale dans les textes révèle le souci de témoigner de l’Histoire par le truchement d’une histoire (diégèse). Le Clézio fait état du bouleversement de son père devant ce conflit qui disloque Onitsha (nom romanesque d’Ogoja), « pourtant une petite ville tranquille, agréable » (O, 60). En effet, l'auteur élabore des récits qui convergent dans la présentation de l'irruption absurde de la guerre et de ses effets collatéraux. L’auteur insiste sur le rôle de la colonisation française et britannique qui a contribué à accentuer la crise dans un pays peuplé de deux cent cinquante ethnies. L’exploitation du pétrole par les grandes puissances mentionnées est la cause profonde de ce conflit biafrais qui s’est déroulé dans l’indifférence de la communauté internationale, soulignée par l’auteur d’Onitsha : « À Nun River, à Ugheli Field, les techniciens ont réparé les pipe-lines, et les navires vont pouvoir remplir leurs réservoirs dans l’île de Bonny. Le monde entier détourne son regard » (O, 251).
Gnacabi Prince Albert Kouacou,
Nakpohapédja Hervé Coulibaly
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
CLERGERIE, Jean-Louis, La Crise du Biafra, Limoges, PUF, 1994 ; LEJEUNE, Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1996 ; LUKÀCS, Georges, La théorie du roman, Mesnil-sur-l'Estrée, Ed. Denoël, (Tel Gallimard), 2012 ; SALLES, Marina, « Écrire l’histoire contemporaine, in Le Clézio, notre contemporain, Rennes, PUR, 2006, p. 25-120 ; URRY, John, Sociologie des mobilités. Une nouvelle frontière pour la sociologie ?, Paris, Armand Colin, 2005 ; VAILLANT, Alain, L'Histoire littéraire, Paris, Armand Colin, 2011 ; VIART, Dominique, VERCIER, Bruno, La littérature française au présent, Paris, Bordas, 2008.