Africano (El) / Africain (L’)

En la obra de J.M.G. Le Clézio, no hay nada realmente comparable con L’Africain, ya que no es ni una ficción, ni un relato de viaje, ni un ensayo etno-histórico. Situados en un Nigeria colonial, varios personajes de su novela Onitsha (1991) como Fintan, Geoffroy et Maria Louisa se parecen a las representaciones autobiográficas de L’Africain – el narrador, su padre y su madre. Mientras que el narrador de Onitsha inventa su relato a partir de recuerdos de su juventud, el de L’Africain está obligado a buscar a un padre que no puede ni reinventar ni comprender. Según Damamme-Gilbert, « [Onitsha] explorait et représentait certes très fortement les émotions du vécu de l’enfance […] mais en racontant une histoire il élaborait un sens, une construction symbolique où le moi de l’écrivain pouvait s’éclipser […] [Dans L’Africain] la vérité du réel est regardée en face sur un mode analytique. » (Damamme-Gilbert, 2008, 26).

En la búsqueda de la mirada parterna, Le Clézio utiliza fotografías que ha heredado de él. Cécile Meynard destaca el papel crucial de este soporte : « Les photos présentées dans le livre sont […] révélatrices à la fois de la sensibilité personnelle du médecin de brousse et de sa vision de l’Afrique, et du rapport de Le Clézio à ce père et à ce continent : deux subjectivités se superposent » (Meynard, 2014, 46). Como lo constata Mary Vogl, Le Clézio « parvient à faire parler son père qui s’exprime mieux à travers les images photographiques » (Vogl, 2005, 81).

¿Era él, el Africano?

Le Clézio explica en un prólogo como se le ocurrió este proyecto : « J’ai longtemps rêvé que ma mère était noire. Je m’étais inventé une histoire, un passé, pour fuir la réalité à mon retour de l’Afrique, dans ce pays, dans cette ville où je ne connaissais personne, où j’étais devenu un étranger. Puis j’ai découvert, lorsque mon père, à l’âge de la retraite, est revenu vivre avec nous en France, que c’était lui l’Africain. Cela a été difficile à admettre. Il m’a fallu retourner en arrière, recommencer, essayer de comprendre. En souvenir de cela, j’ai écrit ce petit livre. » (A, 7). Frente a la alienación social que conoció en Niza, quiso imaginarse que África era su país natal. Con el regreso del padre, comprendió que esta África dependía de la historia de un padre al que conocía poco. Tuvo que comprender « la africanidad » de su padre corrigiendo un acto de olvido hacia él.

 

Pero L’Africain logró confirmar mejor la fuerza de este olvido que corregirlo. Mientras que ciertas descripciones de las fotografías se refieren a la presencia de sus padres, en las que Le Clézio escogió incluir, estos personajes brillan por su ausencia. Por ejemplo, describe un retrato en el que sus padres « posent autour du roi Memfoï, de Banso » (A, 74), mientras que la foto identificada como el rey Memfoï (A, 68) muestra a ​​ este monarca sentado sólo. Esta desaparición visual se ve reforzada a través de las numerosas confesiones de la naturaleza fundamentalmente desconocida del padre. La primera vez que lo vió, en 1948 (su madre y los dos hijos no habían podido reunirse con él en Ogoja, Nigeria, a causa de la Segunda Guerra Mundial), su padre era « un étranger, et même plus que cela, presque un ennemi » (A, 89). El narrador reflexiona sobre el padre que no tuvo : « Il aurait fallu grandir en écoutant un père raconter sa vie, chanter des chansons, accompagner ses garçons à la chasse aux lézards ou à la pêche aux écrevisses dans la rivière Aiya, […] Mais à quoi bon rêver ? Rien de tout cela n’était possible. » (A, 93). Según Damamme – Gilbert : « en analysant les difficultés, pour ne pas dire l’impossibilité de leur rencontre, mais en reconnaissant en même temps ce que son père lui a légué et l’importance cruciale pour lui de cet héritage, […] il liquide enfin pour de bon une relation œdipienne impossible à résoudre » (Damamme-Gilbert, 2008, 27). Le Clézio va a seguir más tarde algunas de estas mismas pistas que había seguido su padre en América del Sur : « Je me souviens de l’étincelle dans ses yeux quand je lui ai raconté que j’avais parlé de lui aux Indiens, et qu’ils l’invitaient à retourner sur les fleuves » (A, 53). Esta « chispa » destaca la necesidad de compartir que sobreentiende el relato.

L’Africain, pero de que África ?

Vernier-Larochette destaca la relación entre estas problemáticas relaciones filiales y las representaciones iconográficas de Le Clézio : « si l’intention première de l’écrivain était de mieux cerner cet homme avec qui le lien filial était ténu, cette quête le conduit à découvrir que ce qui les relie et qui est la clé de cet écrit, c’est cette terre africaine et ses habitants, révélés par le choix des photos insérées dans le récit. » (Vernier-Larochette, 2012, 266). Si el padre que era « un extraño, casi un enemigo » era el Africano, es también el que Le Clézio asocia con África. Cuál es en el fondo el sentido de este topónimo en el mundo imaginario de este relato ?

El África del padre se sitúa en una continuidad que une los origenes mauricianos de su familia, el tiempo pasado en Guyane y el trabajo como médico en África colonial. Segun Vernier-Larochette « si l’écriture retrace les pérégrinations du père en Guyane anglaise, au Cameroun, au Nigéria, d’abord célibataire puis récemment marié et enfin père de famille, ne sont dévoilées que les photos qui correspondent à la période où, jeune, il puise son enthousiasme dans cette terre africaine qui imprégnera ensuite son fils » (Vernier-Larochette, 2012, 277). Desde la expulsión de la familia de su casa en Mauricio, su padre buscaba encontrar un país donde ser libre, productivo y reunirse con la prima hermana mauriciana con la que se casó. El tiempo que la joven pareja pasó en Camerún fue el mejor reflejo de esta continuidad. El padre era el único médico colono en medio de este inmenso territorio : « Pendant plus de quinze ans, ce pays sera le sien. » (69). Por el contrario, el pasaje de Ogoja corresponde a la separación de su esposa, de regreso a Francia para dar a luz a su primer hijo, la guerra que los separa, y una África menos idílica, reflejo de un mundo colonial disfórico : « Le contact avec les malades n’est plus le même. […] Le médecin n’est pas cet homme qui apporte le bienfait des médicaments occidentaux, et qui sait partager son savoir avec les anciens du village. Il est l’étranger dont la réputation s’est répandue dans tout le pays […] un autre acteur de la puissance coloniale, pas différent du policier, du juge et du soldat. » (A, 83-4)

El África de Lé Clézio evoluciona efectivamente en función de las peripecias de la aventura colonial. De ahí el tema recurrente del anticolonialismo que sustenta la historia y une a padre e hijo en una causa común. Habiendo constatado cuánto detestaba su padre el sistema colonial, se pregunta : « D’où me vient cette instinctive répulsion que j’ai ressentie depuis l’enfance pour le système de la Colonie ? » (A, 59), pregunta que le permite unir las palabras de su padre, ecuchadas por casualidad, con sus propios recuerdos de un sistema opresivo y violento.

El padre, el hijo del África : el juego de la violencia

Alant nos recuerda qu’« existe bien, selon Le Clézio, une violence déplorable. […] Violence du refoulement, de la déception, du malheur. » (Alant, 2013, 245). Por su disciplina severa, el padre deja ver ses propias frustraciones de colonizador a pesar de él : « J’étais seulement un enfant, la puissance de l’empire m’indifférait assez. Mais mon père en pratiquait la règle, comme si elle seule donnait un sens à la vie. » (A, 24) Cuando el narrador y su hermano destruyen las termitas en un gesto de violencia gratuita, es, dice, cuando « nous rejetions de cette manière l’autorité excessive de notre père rendant coup sur coup avec nos bâtons » (A, 27). Según Alant, « Le Clézio reconnaît bien dans cet élan de violence un comportement de colon » (Alant, 2013, 346). À Ogoja, le narrateur découvre une violence « ouverte, réelle, qui faisait vibrer » son corps. (A, 17) Limitada inicialmente a las fuerzas de la naturaleza, la violencia asociada a la región d’Ogoja se vuelve casi un aspecto endémico de la región que contrasta en su mente con « la bonne humeur et l’humour […] » des Africains de la région du Cameroun où les parents avaient été heureux avant la guerre » (A, 86). Ogoja era el África que había endurecido a su padre, mientras que había dejado a su hijo la huella de un mundo primordial, pero demasiado duro de soportar sin el recuerdo suavizador de otra África más inocente y pura donde sus padres pudieron viajar juntos. Comentando una foto de la bahía de Victoria en Camerún, el narrador dice de su padre : « Peut-être a-t-il cru, au moment où il arrivait, qu’il allait retrouver quelque chose de l’innocence perdue, le souvenir de cette île que les circonstances avaient arrachée à son cœur ? » (61).

A fuerza de permanecer recluido en el circuito cerrado de la memoria de su familia, donde la inocencia de la casta mauriciana se traduce en la candidez de una África precolonial, o simplemente a-colonial, Le Clézio busca resolver un problema de memoria personal, de relaciones filiales y de memoria colectiva inextricablemente ligado a lo que él concibe como el destino del continente africano.

 

 

Robert Miller

Traducción de Yonay Pinto

(2024)

 

 

REFERENCIAS BIBLIOGRÁFICAS

 

ALANT, Jaco, « Le monolinguisme de l’auteur : Camus, Le Clézio, Derrida », AJFS 50.3, 2013, p. 323-348 ; DAMAMME-GILBERT, Béatrice, « Les enjeux de la mémoire dans Onitsha et L’Africain de J.M.G. Le Clézio », Australian Journal of French Studies, 45.1, 2008, p. 16-32 ; DEMEULENAERE, Alex, « Le retour en Afrique : voyage et mémoire chez Le Clézio et Joris », Études littéraires, 42.1, 2011, p. 117-127 ; DELMEULE, Jean-Christophe, « Figures féminines et poétique de l’exil : la parole charnelle dans L’Africain, Cahiers Le Clézio, n°6, « Voix de femmes », Marina Salles et Eileen Lohka (coords.), Paris, Éditions Complicités, 2013, p.73-85 ; « Naissance et mémoire de J.M.G. Le Clézio dans L’Africain », Raymond Mbassi Atéba et Kumari R Issur (dirs), L’Afrique et les Mascareignes de Jean-Marie Gustave Le Clézio, ​​ Revue Mosaïques, Hors-série n°1, Paris, Éditions des archives contemporaines, août 2013 ; LAZZAROTTI, Olivier, « Des noms de lieux […] comme des noms de famille », Cahiers Le Clézio, n°10, « Habiter la terre », Rachel Bouvet et Claire Colin (coords.), Caen, Éditions Passage(S), 2017, p. 31-42 ; LE CLÉZIO, J.M.G., L’Africain, Paris, Mercure de France, 2004 ; LE CLÉZIO, J.M.G., Onitsha, Paris, Gallimard, 1991 ; MEYNARD, Cécile, « L’Africain de Le Clézio : une quête des origines entre images et mots », Arborescences, 4, 2014, p. 44-64 ; VERNIER-LAROCHETTE, Béatrice, « Photographie et récit de filiation : L’Africain de J.M.G. Le Clézio », University of Toronto Quarterly, 81.2, 2012, p. 265-278 ; VOGL, Mary, « Le Clézio en noir et blanc : la photographie dans L’Africain », Nouvelles études francophones, 20.2, 2005, p. 79-86.